Rentrer au CP pour apprendre à lire, écrire mais pas à compter…
Les mathématiques et moi, on a toujours été fâchées et pourtant j’adore les chiffres et les statistiques.
En travaillant sur les compétences humaines, j’ai découvert que mon blocage en mathématiques venait de notre culture.
Parce qu’en France,
👉🏻 On célèbre ceux qui réussissent du 1er coup.
👉🏻 On attend la bonne réponse, tout de suite.
👉🏻 On valorise la performance, pas le processus.
👉🏻 On apprend aux enfants à éviter l’échec, plutôt qu’à l’apprivoiser.
Résultat ?
On cultive une peur de se tromper, au lieu d’un goût pour apprendre.
Le fameux “growth mindset”, cette capacité à voir l’erreur comme une étape du progrès est quasi absent des salles de classe.
Et on oublie que les mathématiques sont aussi une matière émotionnelle : elles suscitent stress, comparaison, doute…
Mais qui, aide les enfants à accueillir ces émotions ?
À dire “je ne comprends pas… encore” ?
À persévérer, plutôt qu’à se dire « je suis nulle » ?
Et c’est ainsi, qu’à 6 ans, elles décrochent déjà. Parce qu’on leur fait croire qu’elles ne sont pas capables.
Ce qu’a démontré Pauline MARTINOT, MD. PhD. (médecin et neuroscientifique) et son équipe. Ils viennent de publier la plus vaste étude jamais menée en France :
2,65 millions d’élèves de CP et CE1, testés entre 2018 et 2022.
Et ses résultats remettent en cause notre pédagogie :
1️⃣ Au moment de la rentrée au CP, filles et garçons ont le même niveau en maths.
2️⃣ Quatre mois plus tard, les garçons prennent l’avantage.
3️⃣ Un an plus tard, à l’entrée au CE1, l’écart a quadruplé.
Et ce n’est pas biologique. C’est pédagogique et culturel.
-
- Les stéréotypes de genre s’infiltrent dès le CP.
- Les garçons sont plus interrogés, encouragés à prendre des risques.
- Les filles, elles, sont freinées par l’anxiété de l’échec.
Même les manuels scolaires, les exercices chronométrés, les attentes inconscientes renforcent l’idée : “les maths, ce n’est pas pour elles.”
Le plus frappant ? Pendant le confinement de 2020, l’écart a cessé de se creuser car les filles n’allaient pas à l’école.
Pourquoi c’est crucial d’en parler?
Parce que ce “décrochage” :
👉🏻 Conditionne l’orientation.
👉🏻 Ferme des portes dès le CP.
👉🏻 Pousse des filles brillantes à se censurer, à renoncer aux filières scientifiques.
Alors, que faire ?
1️⃣ Former les enseignant·e·s à repérer et corriger les biais inconscients.
2️⃣ Valoriser l’effort et non la bonne réponse parfaite.
3️⃣ Multiplier les figures féminines en sciences dans les contenus pédagogiques.
4️⃣ Apprendre aux filles à gérer l’erreur, à oser, à se tromper, à accueillir le stress.
5️⃣ Encourager TOUS les enfants à explorer, compter, raisonner, sans assignation.
On a les données. On a les leviers. On a les solutions.
Parce que faire croire aux filles dès 6 ans qu’elles “ne sont pas faites pour les maths”, c’est leur dire qu’elles ne sont pas faites pour coder, chercher, construire, piloter, diriger.
Et ça, c’est inacceptable❌
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