Enfants violents : et si le vrai problème, c’était notre société ?

Education
19.08.2025

Des portiques pour filtrer, mais aucun adulte pour écouter.

Ce n’était pas un conflit personnel.
Il n’y avait ni haine, ni provocation ciblée.
Il y avait Mélanie, une surveillante qui faisait simplement son travail.
Et un matin, un adolescent de 13 ans a décidé de tuer. « N’importe quelle surveillante », dit-il.

Ce drame est glaçant.

L’adolescent n’était pas déscolarisé. Il n’était pas marginalisé.
Sociable, « référent harcèlement » dans son collège, déjà sanctionné par deux exclusions.
Mais aujourd’hui, il ne ressent rien. Aucun regret.
Le procureur parle d’une perte totale de repères quant à la valeur de la vie humaine.

Et ce n’est pas un cas isolé.
En 2024, 42 meurtres ont été commis par des enfants.

Au printemps dernier, j’écrivais déjà : « En France, des enfants tuent d’autres enfants. »

  • Shemseddine, 15 ans, tué à Viry-Châtillon.

  • Samara, 13 ans, plongée dans le coma à Montpellier.

  • Une adolescente de 14 ans, battue à mort par cinq autres à Tours.

À chaque fois, les mêmes mots :
« Ils ne se rendaient pas compte de la violence de leurs actes. »

Mais que dit cette phrase sur nous, les adultes ?

Dans quel monde grandissent ces enfants ?

Un monde où :

  • Les clashs sont normalisés à la télévision.

  • La haine s’exprime librement sur les réseaux sociaux.

  • Les images de guerre circulent chaque jour.

Un monde où :

  • Le vivre-ensemble est moqué.

  • L’empathie est considérée comme une faiblesse.

  • Les émotions sont étouffées.

  • Le succès est réservé à ceux qui dominent.

Et nous, adultes, que faisons-nous ?
Nous posons des interdits, construisons des portiques, légiférons, accusons les écrans…
Mais un portique ne détecte pas l’absence d’empathie.

La violence n’est pas née dans un vide.
Elle pousse là où les émotions ne sont pas reconnues.
Là où les repères s’effondrent.
Là où les liens humains sont remplacés par des dispositifs techniques.

Et pendant ce temps, l’école manque cruellement de ressources :

  • Un médecin scolaire pour 13 333 élèves.

  • Une infirmière pour 7 établissements.

  • Un psychologue pour 1 600 enfants.

Les chiffres de la santé mentale des jeunes sont alarmants :

  • Un élève sur quatre est en stress chronique.

  • +155 % de prescriptions de sédatifs.

  • +246 % d’hospitalisations en psychiatrie.

  • +71 % d’actes auto-infligés.

Et pourtant, la réponse reste sécuritaire. Législative. Répressive.

Mais on ne sécurise pas une société malade. On l’écoute. On la soigne. On la transforme.

Les enfants n’ont pas changé.
C’est le monde autour d’eux qui est devenu plus dur, plus rapide, plus déshumanisé.

Et nous ne pouvons pas répondre à cette déshumanisation par des dispositifs techniques ou du contrôle.

Ce qu’il faut ?

  • Former les enseignants à détecter la détresse.

  • Intégrer les soft skills dans les apprentissages.

  • Financer sérieusement la pédopsychiatrie.

  • Restaurer une culture de l’empathie, du dialogue et de la prévention.

Nous avons les chiffres.
Nous avons les alertes.
Nous avons les solutions.

Mais avons-nous le courage politique et collectif de les mettre en œuvre ?

Il est temps d’arrêter de chercher des boucs émissaires.
Et d’investir dans ce qui construit vraiment une société plus sûre :
le soin, l’écoute, la prévention, la présence adulte.

Pour eux.
Pour nous tous.

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