Parcoursup : un système d’orientation ou une machine à stress ?
Dans le monde réel, une personne change de métier ou d’entreprise tous les quatre ans.
Et pourtant, à l’école, on demande à nos enfants de savoir ce qu’ils feront de leur vie… dès 13 ans.
Pire encore : on leur fait croire qu’à 16 ans, ils doivent prendre la décision la plus importante de leur existence.
C’est ce que beaucoup de parents appellent désormais « le grand délire de Parcoursup ».
De l’inscription en ligne à l’angoisse permanente
En 1998, choisir une orientation post-bac tenait en quelques minutes :
trois vœux notés sur Minitel, l’obtention du bac suffisait à garantir une place à l’université.
En 2025, c’est un autre monde.
Deux années de contrôle continu, des notes observées à la loupe, un dossier numérique, un algorithme complexe… et une pression constante.
Selon l’Inserm, 1 adolescent sur 3 se dit “extrêmement stressé” par les examens.
Et 74 % des parents avouent ne plus savoir comment soutenir leur enfant sans lui mettre la pression.
Aujourd’hui, rares sont les familles qui évoquent un vécu positif de Parcoursup.
Ce système, censé orienter, figure désormais parmi les premières sources d’anxiété des jeunes, au même titre que les réseaux sociaux.
Un système de tri, pas d’orientation
Ce que déplorent enseignants, parents et élèves, c’est que Parcoursup ne laisse aucune place à l’erreur ni à l’exploration.
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Un contrôle continu perçu comme anxiogène.
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Aucune seconde chance.
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Une phobie scolaire en hausse.
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Une pression immense à faire « le bon choix »… comme si ce choix était unique et définitif.
Les inégalités se creusent :
Les familles les plus favorisées ont accès à des coachs d’orientation à 2 000 €, des parents qui aident à rédiger les lettres de motivation.
Les autres ? Ils doivent se débrouiller seuls.
Ce lundi, près d’un million de jeunes se sont connectés à la plateforme.
2,67 millions de propositions ont été envoyées.
66 % ont obtenu une réponse positive. Et pour les autres ?
Des semaines entières à rafraîchir une page, à douter, à s’effondrer.
Une réponse politique déconnectée
Face à ces constats, le gouvernement a récemment annoncé un nouveau plan intitulé “AVENIR”.
Il prévoit, dès la 5e, quatre demi-journées par an pour “réfléchir à son avenir professionnel” et une formation courte pour les professeurs principaux.
Mais ce projet soulève de nombreuses questions :
Peut-on vraiment prévoir son avenir à 12 ans dans un monde qui change à toute vitesse ?
Le monde professionnel a changé. Pas l’école.
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En 2025, une compétence technique est obsolète en 12 à 18 mois (contre 30 ans dans les années 1980).
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85 % des métiers de 2030 n’existent pas encore.
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Un jeune actif changera 13 à 15 fois d’emploi dans sa vie (source : France Travail).
Et pourtant, on continue à leur dire qu’un choix fait à 16 ans déterminera tout leur avenir.
Les jeunes s’inscrivent en masse dans des filières classiques (droit, psycho, éco-gestion),
pendant que le marché du travail réclame des profils dans l’intelligence artificielle, la cybersécurité, la création, la data…
Nous les préparons encore trop souvent au monde d’hier, alors qu’ils devront affronter celui de demain.
Ce dont les jeunes ont vraiment besoin
Au XXIe siècle, ce n’est pas un métier qu’il faut choisir à 16 ans,
mais des compétences durables à développer tout au long de la vie :
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Apprendre à apprendre… et à désapprendre.
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Développer l’esprit critique, la créativité, la capacité d’adaptation.
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Renforcer la connaissance et la confiance en soi.
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Devenir résilient dans un monde en constante évolution.
Nos enfants n’ont pas besoin d’un algorithme.
Ils ont besoin d’espaces d’exploration, de mentors, de projets, d’erreurs constructives, de rencontres humaines.
Ils ont besoin d’un système éducatif qui les prépare à s’adapter, pas à se figer.
En conclusion
Oui, il y aura toujours des métiers essentiels comme infirmier, boulanger ou agriculteur.
Mais l’enjeu, aujourd’hui, c’est d’offrir à chaque jeune les outils pour choisir librement, s’adapter, rebondir et s’épanouir.
Parcoursup, tel qu’il est pensé aujourd’hui, ne répond pas à cet enjeu.
Il est temps d’ouvrir un vrai débat sur l’orientation, l’école, et la manière dont nous préparons la génération suivante à vivre dans un monde incertain.
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