Pourquoi la France doit enseigner l’IA et l’esprit critique dès l’école primaire

À 6 ans, les enfants finlandais savent déjà repérer une fake news.
À 16 ans, des adolescents américains se font encore piéger par des sites climato-sceptiques.

Deux mondes. Deux visions. Deux urgences éducatives.

En Finlande, l’école forme des esprits critiques dès la primaire

Depuis 2013, la littératie numérique et médiatique est un pilier du système scolaire finlandais.
Dès le primaire, les élèves apprennent à repérer les trolls, questionner une image, douter de ce qu’ils scrollent.

L’école est pensée comme un bouclier démocratique, notamment pour se prémunir contre les campagnes d’ingérence étrangères.
Résultat : la Finlande est en tête de l’indice européen de résilience à la désinformation.

Ce n’est pas un miracle. C’est le fruit d’une stratégie nationale.

Aux États-Unis, des ados vulnérables face aux contenus manipulés

Une étude menée par l’université de Stanford sur 3 446 lycéens révèle l’ampleur du problème :

• Moins de 0,1 % ont identifié la véritable source d’une vidéo virale truquée.

• 96 % se sont fait piéger par un site russe.

• Même en consultant Google, la majorité n’a pas su distinguer le vrai du faux.

Et la France ?

Le 13 mars 2024, la Commission de l’Intelligence Artificielle a remis un rapport au Président de la République, issu de 600 auditions et 7 000 contributions.
Elle y formule 25 recommandations, dont une seule pour l’éducation :

“Encourager l’expérimentation et l’usage des outils d’IA à grande échelle pour améliorer le service public éducatif.”

Depuis, plusieurs annonces ont été faites :

• Une formation en ligne à l’IA pour collégiens et lycéens dès la rentrée 2025

• Un appel à projets de 20 millions d’euros pour créer une IA dédiée aux enseignants

• Une charte d’usage et des formations pour les enseignants

Mais tout cela reste centré sur l’usage technique, comme si l’IA était une simple calculatrice.

Nos enfants méritent mieux que des tutoriels sur ChatGPT.
Ils ont besoin de cours qui expliquent :

• Ce que l’IA peut faire

• Ce qu’elle ne peut pas faire

• Ce qu’elle ne doit pas faire

L’intelligence artificielle n’est pas qu’un outil.
C’est un miroir du monde : elle porte nos biais, nos choix, nos violences.

Les enfants doivent apprendre à comprendre, questionner, contester les algorithmes.
Pas seulement les utiliser.

Parce que l’IA influence bien plus que des vidéos YouTube.
Elle intervient dans les décisions d’orientation, d’embauche, de justice, de santé.

Que faire concrètement ?

1. Enseigner la pensée critique dès l’école primaire

2. Former aux fondamentaux de l’IA : données, biais, limites

3. Faire de la culture numérique un pilier des programmes scolaires

Ce n’est pas une “option numérique”.
C’est une question de souveraineté démocratique.

Les enfants français méritent mieux que des conseils d’usage une fois par an.
Ils méritent une éducation numérique puissante, qui leur rende le pouvoir face à la machine.

Il est temps de sortir la culture numérique des marges,
De la placer au cœur de l’école,
Et de faire de chaque élève un citoyen éclairé, critique, et libre face aux algorithmes.