En 2016, les États-Unis ont élu un homme accusé de harcèlement sexuel plutôt qu’une femme expérimentée. En 2024, malgré plusieurs inculpations criminelles et son rôle dans l’assaut du Capitole, il a été réélu.
En août 2024, un sondage révélait que 51 % des Américains estimaient que le pays était prêt à élire une présidente. Pourtant, il est de retour. Et les premières victimes de cette régression sont les Américaines : leurs corps, leurs droits, leur quotidien.
L’avortement dans le viseur : des lois qui contrôlent le corps des femmes
En 2022, la Cour suprême a annulé l’arrêt Roe v. Wade, supprimant le droit constitutionnel à l’avortement.
Aujourd’hui, 19 États interdisent ou restreignent drastiquement l’IVG.
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Texas : une femme doit prouver qu’elle est en danger de mort pour avorter.
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Caroline du Sud : après une fausse couche, une femme doit prouver qu’elle ne l’a pas provoquée elle-même, y compris par une activité physique.
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Montana : une loi criminalise celles qui avortent hors de l’État, avec jusqu’à cinq ans de prison.
Ces mesures dépassent la question de l’IVG : elles instaurent une surveillance permanente sur le corps des femmes et des filles.
Une censure massive dans l’éducation
La régression ne s’arrête pas aux droits reproductifs. Elle touche aussi la culture et l’éducation.
Plus de 10 000 livres ont été bannis des bibliothèques et des écoles américaines.
Dans le comté d’Escambia (Floride), plus de 1 600 titres ont été retirés, dont :
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Les biographies de Beyoncé, Lady Gaga et Oprah Winfrey
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Le Journal d’Anne Frank
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The Handmaid’s Tale de Margaret Atwood
Ces censures visent les récits qui questionnent les inégalités, parlent d’émancipation, de genre et de sexualité. Elles cherchent à effacer les voix et les histoires qui dérangent.
Recherche et santé des femmes : effacement et répression
La censure atteint aussi le domaine scientifique. Des recherches liées à la santé des femmes ou à leur quotidien sont arrêtées, retirées d’internet, effacées des bases de données.
Ce contrôle idéologique réduit l’accès à des informations essentielles, au détriment direct de la santé publique.
Un contexte qui rappelle l’avertissement de Simone de Beauvoir
À la veille du 8 mars, impossible de ne pas penser à ces mots de Simone de Beauvoir :
« Rien n’est jamais définitivement acquis. Il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. »
Nous y sommes.
Le Projet 2025 de la Heritage Foundation, soutenant le candidat républicain, promeut une société conservatrice où :
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La femme est avant tout mère de famille
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Ses droits reproductifs sont restreints
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Sa place dans le monde du travail est réduite
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Les politiques d’égalité et d’inclusion sont supprimées
Pourquoi cela nous concerne tous
Si un pays comme les États-Unis peut revenir 50 ans en arrière, aucun pays n’est à l’abri.
Ce qui s’y joue dépasse leurs frontières : c’est un signal d’alarme mondial.
Que faire face à cette régression ?
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Voter pour protéger les droits fondamentaux
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Éduquer filles et garçons à l’égalité
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Refuser de considérer nos acquis comme définitifs
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Soutenir les associations qui défendent les droits des femmes
Chaque recul aujourd’hui compromet les droits de demain.
La vigilance n’est pas une option, c’est une responsabilité collective.
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