L’école primaire française en échec : pourquoi 52 milliards ne suffisent pas

Education
28.08.2025

L’école primaire française en échec : pourquoi 52 milliards ne suffisent pas

La France consacre 52 milliards d’euros par an à son école primaire. Elle est le quatrième employeur mondial. Et pourtant, selon un rapport accablant de la Cour des comptes publié cette semaine, l’école primaire française est en situation d’échec.

C’est un paradoxe flagrant : plus on investit, plus les élèves décrochent.

Des résultats en chute libre

Les données sont claires :

  • En mathématiques, les élèves français de CM1 se classent derniers parmi les 22 pays de l’Union européenne évalués.

  • En compréhension de l’écrit, ils sont avant-derniers.

  • Et parmi les élèves les plus en difficulté, 40 % viennent des milieux les plus défavorisés.

Malgré une augmentation de 12 % des dépenses publiques pour l’école primaire en dix ans, les résultats stagnent ou reculent.
Les élèves les plus performants deviennent de plus en plus rares : seulement 2,5 % atteignent un niveau « avancé » en mathématiques, contre 11,5 % en moyenne OCDE.

Pire encore : les inégalités scolaires se creusent dès la maternelle.

Une école figée, déconnectée des besoins des enfants

Les élèves français passent plus de temps que les autres à apprendre les fondamentaux… mais progressent moins vite.
Pourquoi ?

Parce que l’organisation même de l’école est en décalage avec les besoins réels des enfants :

  • Des rythmes scolaires inadaptés à leur développement.

  • Des pédagogies qui évoluent peu.

  • Un système qui décourage, culpabilise, et fait douter les élèves d’eux-mêmes.

Une inégalité devenue ségrégation

Les disparités territoriales aggravent encore la situation.
L’expérience scolaire dépend du code postal.

  • À Mayotte, certains enfants de maternelle passent 15 heures par semaine dans des classes itinérantes.

  • Certaines communes investissent 4 500 € par élève, quand d’autres ne dépassent pas 250 €.

À ce niveau, il ne s’agit plus simplement d’inégalités, mais d’une véritable ségrégation éducative.

Les recommandations de la Cour des comptes

Le rapport propose six leviers d’action :

  • Recruter et stabiliser les enseignants, avec une politique de formation continue ambitieuse.

  • Réformer le statut des directeurs d’école, pour leur permettre de piloter à temps plein.

  • Renforcer la gouvernance locale, en associant collectivités et familles.

  • Adapter les rythmes scolaires à la chronobiologie de l’enfant.

  • Généraliser les regroupements pédagogiques dans les zones rurales.

  • Mettre l’évaluation au service du projet d’école, avec des objectifs clairs et mesurables.

Une responsabilité collective

L’éducation des enfants repose aussi sur la reconnaissance de celles et ceux qui les accompagnent.
Aujourd’hui, seuls 4 % des enseignants se sentent valorisés dans leur métier.

Il est urgent de repenser notre modèle éducatif.
Non pas en dépensant plus, mais en réformant en profondeur la structure, les méthodes et la vision de l’école.

L’école ne peut pas évoluer seule.
Elle a besoin d’un engagement collectif.
Celui des parents, des collectivités, des enseignants, et des décideurs politiques.

Redonner du sens à l’école primaire, c’est préparer l’avenir de toute une génération.

Ils vont sans doute vous intérésser :

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *